La divine origine

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anti_bug_fckC'est le titre du nouvel ouvrage de Mary Balmary  que je vais déguster, je l'ai à peine commencé qu'il me plaît déjà. Le sous-titre de ce livre est Dieu n'a pas créé l'homme. Pour mémoire l'auteur (dont le principal défaut est d'être une admiratrice de Freud) est psychanaliste et lectrice de la Bible. Ce livre traite de l'origine de l'homme dans la Bible et son pendant psychanalitique (dans l'oeuvre de Freud et par sa réflexion personnelle) où est étudié le propre de l'homme : l'aptitude à dire "je".

Bref, comme je sais que je vous ai mis l'eau à la bouche (quoi ce n'est pas vrai ? ;-) je vais vous en mettre un petit extrait : la première page du premier chapitre.

Peut-être n'y a-t-il pas d'idée plus répandue que celle-ci : l'homme a été créé par le dieu qui a fait le ciel et la terre.

Parmi ceux qui n'adhèrent pas à cette première proposition, pas d'idée plus répandue que cette autre : l'homme est le produit de la matière et du hasard : il ne doit sa vie à personne et ne la rend à personne lorsqu'elle s'achève.

Au point de recherche où je me trouve, aucune de ces deux propositions, l'une religieuse, l'autre scientifique, ne me paraît rendre compte véritablement de ce que me révèle l'expérience de la parole humaine.

Par "expérience de la parole", je veux parler de ce qui est proprement humain, l'accès à la première personne. L'homme en tant qu'il peut parler en disant "je" demeure inraconté, inexpliqué par nos deux formules sur l'origine. Dans le monde animal existent bien des messages adressés et donc des formes de langage. Mais il semble qu'aucune bête ne parle en son propre nom à une autre capable à son tour de lui répondre de même. Le langage articulé humain n'est pas seulement plus complexe, plus riche : il est utilisé par une autre instance psychique, non advenue chez les animaux.

Freud ayant appelé "Ca" (note : lire "ça" avec une majuscule) l'ensemble des pulsions, disons animales, qui nous meuvent, voit le travail d'humanisation comme une conquête par la première personne, le sujet, de ce monde instinctuel ; la formule par laquelle il nous a transmis cette découverte est célèbre : "Là où Ca était Je dois advenir". Cette pensée, qui distingue radicalement l'homme de l'animal et en même temps le présente comme "à faire" et non fait, m'est apparue d'une trés grande force. Elle pourrait nous conduire à une tout autre vision de l'homme et reposer nouvellement, heureusement, la question de son origine.

Or, curieusement, le grand découvreur de la parole qui guérit s'est compté lui-même parmi les porteurs de mauvaises nouvelles. Ces mauvaises nouvelles selon Freud sont au nombre de trois :
- avec Copernic, la terre n'est pas le coeur du monde ;
- avec Darwin, l'homme n'est pas le fils de l'homme ;
- avec Freud enfin, l'homme n'est pas maître en son propre esprit.

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